mardi 22 juillet 2008

la vision de l'abeille

J'ai toujours tenté dans ma vie personnelle d'avoir un "sens" féminin : c'est-à-dire l'intuition, l'ouverture d'esprit, l'esprit, justement ! Bref, tout ce qui a priori, fait les qualités d'une femme et qui nous manque à nous, les hommes. Il me semble qu'ainsi, j'en suis un peu "meilleur" (puisqu'ayant les qualités des deux sexes, le fort et le beau, comme on dit).

Mais ma femme a le don de me ramener facilement à ma triste condition d'homo erectus, de mâle primal et primitif.
Dernier exemple en date, ça concerne la vaisselle. Il se trouve que je suis loin d'avoir la vision de l'abeille quand il s'agit de faire l'inventaire des choses à laver. Ma vision s'étrique invariablement.
Ainsi, étalez mesdames largement sur le plan de travail divers assiettes, casserolles, faitouts, tétines, tupperware et autres...
Moi, l'Homme, tout fier, j'aurai fait (peut-être pas le jour même...) la vaisselle. Et j'insiste sur la notion de fierté, de cadeau que je fais à ma femme par l'intermédiaire de cette vaisselle si gentiement faite afin d'alléger la longue liste de ses tâches ménagères...
Lorsque Madame rentre, je m'empresse de lui montrer l'oeuvre achevée.
Pourquoi remarque-t-elle toujours que j'ai oublié de laver le tupperware avec son fond de bouillon de légumes, qu'elle avait sorti du frigo afin qu'il soit lavé? Et pourquoi ce foutu tupperware a-t-il pris de la barbe blanche à l'intérieur? Et pourquoi voit-elle aussi l'énorme couvercle du faitout sur les plaques électriques? Et pourquoi moi, je ne les ai pas vu ces vilains objets sâles qui ternissent la beauté du sublime geste que je venais d'accomplir?
C'est peut-être ça, justement, la différence entre les hommes et les femmes...
L'homme a la vision qui se réduit dès qu'il s'agit de faire le ménage; la femme voit toujours ce qui n'a pas été fait, et jamais ce qui a été fait...

samedi 12 juillet 2008

MES ANNEES 90 A LA POUBELLE

J'ai passé une semaine chez Maman. J'avais promis que je rangerais le grenier. On y avait pas touché depuis 10 ans ! Quand mon père est tombé malade, et qu'il est resté à la maison, il avait entrepris différents travaux domestiques, dont un aménagement du grenier avec laine de vers (c'est quel "ver" cette laine là?) et revêtement bois. Et puis la maladie l'a rongé et la fatigue puis la mort l'ont empêché de finir. Dans le grenier sont restés entassés mes jouets d'enfant, mes cours d'école(s), mes posters, mes courriers. La poussière s'est posée dessus, ça a un peu moisi.

Cette semaine, j'ai ouvert la porte des souvenirs et de l'enfance. Barbara l'avait pourtant dit "j'ai eu tord, je suis revenu au temps caché des souvenirs, du temps béni de mon enfance".
Je ne sais pas si j'ai eu tord; je crois que ça m'a fait du bien. J'ai retrouvé des vieilleries, des choses essentielles à mon coeur, et des mauvais souvenirs à mettre à la poubelle.

Et là, ce fut le grand autodafé des années 90 : j'ai fait de grands sacs poubelles et j'ai trié tout ce qui gisé sur le sol. Les années 90 étaient déjà mortes; je leur offrait une sépulture. Voulez-vous savoir qui, quoi?
Les posters d'Hélène et de ses amis les garçons et les filles, qui étaient bien plus jeunes que maintenant (ils avaient 25-30 ans et pas 40!!), les mannequins Cindy Crawford, Claudia Schiffer ou Cameron (c'était la mode, dans l'temps, les mannequins), les revues de cinéma annoncant les films du jeune et beau Leonardo di Caprio et du drôle (!) Christian Clavier.
Et puis j'ai jeté des heures de bancs d'école, des années de torture et de souvenirs. Mon Dieu, qu'en reste-t-il? A la poubelle les cahiers d'Allemand et de Latin, les fiches de vocabulaires, les devoirs aux notes moyennes du style "en progrès mais pourquoi avez-vous choisi si compliqué?Votre analyse s'apauvrit au fur et à mesure." Je m'en fous pour la vérité, j'ai gardé que les bons devoirs, les supers apréciations... J'ai aussi gardé des cartons sur lesquels j'écrivais les phrases mémorables des profs du lycée; j'avais complètement oublié que j'avais tout ça, il y en a de vraiment bonnes; je les mettrai sûrement sur le blog un de ces jours, ça amusera mes amis lecteurs qui ont connu ces profs avec moi, et aussi les autres qui pourront rire de ces "annales" de la profession d'enseignant.

J'ai eu du mal à jeter Hélène parce que ceux qui me connaissent savent à quel point elle a compté dans ma vie d'enfant. Mais j'ai 29 ans. Je n'accrocherai plus qu'aux murs de mes souvenirs les posters de mes héros; je ne suivais même plus leurs aventures; les vrais jeunes d'aujourd'hui ne la connaissent même pas : elle n'a pour eux jamais chanté à la télé. D'ailleurs, Cricri d'amour, ça leur évoque juste vaguement quelque chose, comme une expression populaire. Pour expliquer aux jeunes : c'était notre "Plus belle la vie" à nous ! Heu...un doute affreux : ça regarde "Plus belle la vie", les jeunes??
Et après avoir jeté tout ça, je me suis senti bien, comme si j'avais fait le deuil de toutes ces années. Parce que je me suis donné le droit d'avoir bientôt 30 ans. Je me suis donné le droit d'être un adulte.
J'ai pris soin de mes objets d'enfance et j'ai jeté tout ce qui avait mal vieilli, j'ai gardé le meilleur du grenier comme si je gardais le meilleur de moi et je me suis senti bien.
Mes années 90 sont à la poubelle, mais elles ont droit au souvenir.